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Page:Histoire de Sainte Perpétue et de ses compagnons Librairie de J. Lefort 1885.djvu/483

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on avait lâché un sanglier, le veneur qui avait amené cet animal, ayant été blessé par cette bête, mourut le lendemain du spectacle. Satur fut seulement traîné. Et comme i ! avait été exposé à l’ours sur l’estrade, celui-ci ne voulut pas sortir de sa loge. C’est pourquoi Satur, sain et sauf pour la seconde fois, fut mis de côté.

III. Mais pour les jeunes filles, le diable avait préparé une vache très féroce, excitée plus encore que de coutume, accommodant ainsi la bête à leur sexe. Ainsi donc elles furent produites, dépouillées de leurs vêtements et enveloppées dans des filets. Le peuple eut horreur de voir l’une, jeune fille délicate, et l’autre, avec les mamelles dégouttantes de lait, à cause de son récent enfantement. Ainsi, ayant été rappelées, elles furent couvertes de tuniques flottantes. Perpétue fut exposée la première : elle fut jetée en l’air et tomba sur les reins ; et lorsqu’elle vit que sa tunique était déchirée sur le côté, elle la ramena pour couvrir sa cuisse, plus soucieuse de sa pudeur que de sa douleur. Ensuite, s’étant redressée, elle fit tenir ses cheveux épars ; car il ne convenait pas qu’une martyre souffrit les cheveux épars, de peur qu’elle ne parût pleurer au milieu de sa gloire. Ainsi elle se leva, et lorsqu’elle eut vu Félicité toute froissée, elle s’approcha, lui donna la main et la souleva, et toutes deux restèrent ainsi debout. Mais la dureté du peuple ayant été vaincue, elles furent ramenées à la porte Sanavivaria. Là, Perpétue, ayant été reçue par un certain catéchumène, appelé Rusticus, qui lui était attaché, et comme se réveillant d’un sommeil, tant elle avait été ravie en esprit et en extase, elle commença à regarder autour d’elle, et à dire, au grand étonnement de tous : « Je ne sais, dit-elle, quand on nous exposera à cette vache. » Et lorsqu’elle eut entendu ce qui était arrivé, elle ne le crut pas, jusqu’à ce qu’elle eût reconnu sur son corps et