Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/305

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stances & leurs révolutions, sont plus propres à étonner notre esprit qu’à l’éclairer. L’Etre suprême est par tout ; mail il n’est pas par tout également visible. Nous le verrons mieux dans les objets les plus simples : cherchons-le dans les premieres loix qu’il a imposées à la Nature ; dans ces regles universelles, selon lesquelles le Mouvement se conserve, se distribue, ou se détruit ; & non pas dans des Phenomênes qui ne sont que des suites trop compliquées de ces loix.

J’aurois pu partir de ces loix, telles que les Mathematiciens les donnent, & telles que l’expérience les confirme ; & y chercher les caracteres de la sagesse & de la puissance de l’Etre suprême. Cependant, comme ceux qui nous les ont données, se sont appuiés sur des hypothêses qui n’etoient pas purement géometriques, & que par là leur certitude ne paroît pas fondée sur des démonstrations rigoureuses ; j’ai cru plus sûr & plus utile de déduire ces loix des attributs d’un Etre tout puissant & tout sage. Si celles que je trouve par cette voie, sont les mêmes qui sont en effet observées dans l’Univers, n’est-ce pas la preuve la plus forte que cet Etre existe, & qu’il est l’auteur de ces loix ?

Mais, pourroit-on dire, quoique les regle du Mouvement & du Repos n’aient été jusqu’ici démontrés que par des hypothêses & des expériences, elles sont peut-être des suites nécessaires de la nature des Corps : & n’y aiant rien eu d’arbitraire dans leur établissement, vous attribuez à une Providence ce qui n’est l’effet que de la Nécessité ?

S’il est vrai que les loix du Mouvement & du Repos soient des suites indispensables de la nature des Corps ; cela même prouve encore plus la perfection de l’Etre suprême : C’est que toutes choses soient tellement ordonnées, qu’une Mathematique aveugle & nécessaire exécute ce que l’Intelligence la plus éclairée & la plus libre prescriroit.

Quelques Philosophes de l’Antiquité soûtinrent qu’il n’y avoit point de Mouvement. Un usage trop subtil de leur esprit démentoit ce que leurs sens appercevoient. Les difficultés qu’ils trouvoient à concevoir