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bond. Il se rend auprès de lui, promet de ne jamais rien réclamer de l’église de Belley et s’avoue coupable du meurtre d’un des prêtres de cette église. « Alors l’homme de Dieu lui imposa les mains, béait lui et son fils, mot prophétique qui se réalisa plus tard par la naissance du prince Thomas[1]. »

Tout portait donc Humbert vers la vie religieuse : sa piété, ses inclinations, ses infortunes. Son vif désir eut été de s’enfoncer dans un cloître, d’y vivre ignoré, dans la prière et la pratique des vertus chrétiennes. Mais il dut souvent se faire violence pour courir sur le champ de bataille ou pour faire cortège à son suzerain. Néanmoins, au milieu de l’accomplissement de ses devoirs de seigneur féodal, il sut trouver de longues journées, qu’il allait passer à Hautecombe, à Aulps et à la Grande-Chartreuse. Au dire de Guichenon, il revêtait même l’habit de Cistercien.

Sa grande piété ne lui fit pas seulement pratiquer les austérités cénobitiques, mais elle le rendit aussi généreux envers l’Église. Guichenon rapporte quatorze titres de fondation d’établissements religieux ou iW concession de quelques pieuses libéralités, passés de 1130 à sa mort. Qu’il nous suffise de rappeler la fondation de la chartreuse d’Aillon en Bauges, vers 1183, et ses donations à l’abbaye d’Aulps, aux chanoines de Saint-Jean de Maurienne et aux églises de Notre-Dame de Suse et d’Oulx.

Ses devoirs de souverain et le vœu de ses sujets le poussèrent, malgré ses aspirations monastiques, à se marier plusieurs fois.

Ayant à peine atteint sa vingt-et-unième année, il s’était

  1. Ann. cist.