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Ce dernier, patrice florentin, avait épousé Clémence Bonacorsi, dont la famille compte plusieurs abbés de monastères français. Leur fils aîné, Julien, fut chargé de missions importantes par Catherine de Médicis ; et les Bonacorsi étaient, aussi bien que les Delbene, en faveur auprès de la cour si politique qui gouvernait alors la France[1].


    Archives du Sénat, la confirmation de cette assertion au folio 40. Les lettres patentes de nomination, encore en latin, sont données à Nice, le 2 janvier 1560. Elles relatent que l’abbaye étant vacante par le décès du cardinal de St-Georges, surnonmmé Capo di ferro, le duc de Savoie a le droit et le devoir de présenter et de nommer le chef de cette abbaye, et que, pour se conformer au désir de son épouse, Emmanuel-Philibert désigne Alphonse Delbene, qui devra recevoir les bulles d’institution du Souverain Pontife, prendre l’habit religieux et établir sa résidence à Hautecombe.
    Par autres lettres du même jour, celles-ci en français, le duc nomme Henri Bay, marchand et bourgeois de Chembéry, économe de l’abbaye, jusqu’à ce que Delbene puisse en prendre possession. Le Sénat avait déjà député un commissaire à la garde de ce bénéfice : aussi fit-il attendre plus d’un mois l’entérinement des lettres envoyées à Bay. Par arrêt du 8 février 1560, il déclara néanmoins permettre à ce dernier de procéder aux faicts de sa charge comme il croira à faire par raison. — Registre basanne, II. — Voir Documents, n° 39 et 40.

  1. Le catalogue des manuscrits français de la bibliothèque nationale, qui vient d’être publié, contient l’indication de plusieurs lettres écrites de Rome par le sieur d’Elbène à Mr  de Nevers. sous le règne d’Henri IV.
    La duchesse Marguerite, femme éminente par ses qualités morales et intellectuelles, mourut à Turin le 15 septembre 1574 et y fut ensevelie. À Hautecombe, on lui éleva un cénotaphe dans la chapelle des princes. Une table de bronze fut ornée de son portrait d’après nature et posée sur le monument. Parmi ses différentes épitaphes, deux furent composées par Bathélémy Delbene. Celle écrite en langue française commence ainsi :

    Si la vertu était chose mortelle,
    Qui comme nous un corps frêle eut vêtu,
    J’oserais dire : Ici gît la vertu.
    (Guichenon, Savoie, p.702.)


    Son corps a été transféré des souterrains de la cathédrale de Turin à ceux de l’abbaye de Saint-Michel de la Cluse. (Claretta, op. cit.)