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lit : « Considérant que l’office de vrai prince et son devoir particulier l’obligent d’octroyer les charges de magistrats aux personnes doctes, prudentes, aimant la justice et la dignité ; étant bien informé, par gens dignes de foi, de l’intégrité, prudence, doctrine, suffisance et bonnes et louables qualités de messire Alfonso Delbene et ayant égard à l’affection qu’il nous a souvent démontrée, l’instituons notre conseiller et sénateur ecclésiastique en notre Sénat de Savoie[1]. »

Cette nomination fut ratifiée par le Sénat, parce que Delbene avait approfondi la science juridique, et, le 12 mai suivant, il fut reçu dans cette compagnie et institué après avoir prêté le serment requis. C’était le deuxième ecclésiastique entrant au Sénat. Les sénateurs ecclésiastiques faisaient partie intégrante du corps judiciaire et revêtaient le costume des magistrats pour en exercer les fonctions.

Lorsque, six ans après, Delbene fut appelé à l’évêché d’Alby, il craignit que ses nouvelles fonctions ne fussent incompatibles avec celles de sénateur. « L’éminente dignité de l’épiscopat est telle, dit le président Favre, que rien ne s’oppose à ce que celui qui en est revêtu devienne sénateur ; mais un sénateur ne peut devenir évêque sans cesser d’être sénateur, à moins que ce ne soit en vertu d’une faveur particulière du souverain. » C’est ce qui arriva pour Delbene. Quand sa nomination au siège d’Alby fut confirmée par Sixte V, Philibert de Morette, abbé de Saint-Sévère en Gascogne, le remplaça au Sénat ; mais l’abbé d’Hautecombe obtint de nouvelles lettres patentes qui le confirmèrent et maintinrent dans son ancienne charge, lui

  1. Voir Documents, n° 41.