Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 346 —

Saluces de La Mente. Ce même personnage fut colonel au service de la France, prit part aux guerres nombreuses dont le marquisat était le motif ou l’occasion[1], puis il en fut gouverneur général sous l’autorité des ducs de Savoie.

Il avait épousé Bernardine d’Aubry, de Chieri, en Piémont, sœur d’Anne d’Aubry, qui devint mère de l’historien François-Augustin della Chiesa. Sylvestre de La Mente était donc cousin germain de ce dernier, à qui il avait succédé dans la commende de l’abbaye de Mézières, en 1579, abbaye qu’il échangea ensuite avec Delbene, comme nous l’avons vu.

Installé à Hautecombe, Sylvestre de Saluces de La Mente voulut jouir des prérogatives attachées à sa nouvelle abbaye et entrer au Sénat de Savoie. Mais il n’était point sujet du duc de Savoie, bien que son pays d’origine lui fût soumis dès 1601 ; et s’il avait été abbé de Mézières, en Bourgogne,

  1. Depuis plusieurs siècles, la famille de Saluces avait de nombreuses relations avec la France. Sans toucher aux rapports politiques du marquisat avec cette nation, nous rappellerons seulement que, dès avant 1419, reposait dans le chœur de l’église de Saint-Jean, à Lyon, dont il avait été archidiacre, le cardinal Amédée de Saluces, évêque de Valence, en Dauphiné, fils de Frédéric II, marquis de Saluces, et qui joua un grand rôle dans les affaires ecclésiastiques de la période agitée où il vécut.
    Relativement à Michel-Antoine de Saluces, délia Chiesa raconte le fait suivant :
    « Pendant qu’il dirigeait le siège du château de Gallianico, il aurait découvert, au fond d’une tour, le capitaine Jean-François Peccio, nu et velu comme un sauvage. On le croyait mort depuis longtemps, car deux accusés, pour éviter les horreurs de la torture, avaient avoué, contrairement à la vérité, qu’ils l’avaient assassiné. Lorsque cet infortuné revint chez lui, il trouva sa femme remariée et ses biens dissipés par ses enfants. » (Anecdote plusieurs fois racontée par Sylvestre de Saluces, abbé d’Hautecombe, à della Chiesa, qui l’a relatée dans sa Corona reale, t. II, p. 209.)