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La requête d’entérinement de ces patentes ne fut présentée au Sénat que le 23 novembre suivant. Malgré ses protestations de fidélité et d’obéissance à Madame Royale, malgré les ordres formels du souverain, le Sénat ne voulut point enregistrer ces lettres suivant leur teneur. Il paraît que le silence et l’ajournement furent d’abord les seuls indices par lesquels il fit connaître l’opposition qu’elles rencontraient. Dom Antoine en informa la cour de Turin, et l’ex-régente Christine s’adressa au premier président d’Oncieu pour chercher à vaincre la résistance de la compagnie et éviter un conflit. « C’est l’intention de S. A. R., Monsieur mon fils, que la prérogative de marcher à la gauche du premier président du Sénat et à la séance dans le magistrat immédiatement après luy qui est deue au seigneur dom Anthoine de Savoye et à ceux qui sont pourveuz comme luy de l’abbaye d’Hautecombe aye aussi lieu, quant au rang d’opiner et autres fonctions publiques. Nous désirons pourtant que vous fassiez scavoir audit Sénat les sentiments de Saditte Altesse Royale affîn qu’il n’apporte aucune difficulté à l’observation de la déclaration qu’elle entend de faire en faveur du seigneur dom Anthoine[1]. »

La réponse, on peut le présumer, ne fut point favorable aux désirs de Madame Royale. Aussi, par nouvelles lettres patentes du 28 mars 1656, modifiant les premières, Charles-Emmanuel II déclare que son intention précise est que dom Antoine soit reçu et admis à la charge de sénateur, qu’il en jouisse en qualité d’abbé d’Hautecombe, suivant les lettres du 15 juin dernier, « sauf qu’à cause qu’il n’est pas gradué il n’aura voix délibérative jusqu’à nouvel ordre, qu’au lieu de siéger immédiatement après le premier

  1. Voir Documents, n° 54.