Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 389 —

La maladrerie de la Guillotière, y est-il dit, ne rentre point dans les conditions de l’édit, car l’abbé d’Hautecombe ne la possède pas en administration, ni par aucune permission du roi de France, mais en vertu d’une donation qui lui a été faite par le fondateur Jean de Faverges, le 13 mai 1319. — Si le fondateur a déclaré, par sa donation, qu’il voulait employer les revenus d’une partie de ses biens au soulagement des malades et a donné le titre de maladrerie audit hôpital, l’on ne saurait néanmoins en inférer qu’il est dépendant de l’ordre de Saint-Lazare, car ni l’usage des choses ni leur dénomination ne servent à en procurer la propriété, mais l’affectation qui en est faite par les fondateurs, surtout en ce cas, où l’on croit même que la donation a précédé l’établissement dudit Ordre.

Cette maladrerie a d’autant plus de droits à être conservée, qu’elle est devenue partie du patrimoine de l’abbaye d’Hautecombe, qui en a la jouissance paisible depuis trois cent cinquante années et même plus ; qu’elle n’a jamais dépendu dudit ordre de Saint-Lazare, en faveur duquel les seigneurs abbés et les religieux n’ont jamais passé aucune reconnaissance ni fait aucun aveu ; et il est aussi impossible de la leur enlever, qu’il l’est, par les lois civiles et canoniques, de ravir le bien des églises et le prix du rachat des fidèles. Cette donation est non-seulement inattaquable à raison de son ancienneté, mais encore à raison de l’approbation et de la confirmation qui en a été faite par Pierre de Savoie, archevêque de Lyon, l’an 1320, et à cause des divers privilèges qui ont été accordés par les papes pour les biens dépendant de ladite maladrerie et qui en sont des confirmations très expresses, car lesdits religieux y sont qualifiés de prieurs de la maladrerie.

En outre, les religieux d’Hautecombe ont toujours