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la paix de Ryswick permit d’observer la misère du peuple, les exigences croissantes du budget et l’organisation défectueuse des revenus publics[1]. Il fallut veiller plus exactement à la perception des impôts, et l’abbaye dut payer les décimes affectés aux biens qu’elle possédait en France. L’abbé Marelli s’y opposa, adressa diverses lettres au comte de Vernon, et, en 1699, un long mémoire fut transmis au marquis de Ferrero, ambassadeur de Victor-Amédée prés du roi de France, pour établir les droits de l’abbaye à l’exemption des décimes sur ses biens.

Cet écrit nous fait connaître les démarches faites plus d’un siècle auparavant pour obtenir une semblable immunité et contient plusieurs détails intéressants sur l’ensemble des propriétés de l’abbaye, situées en France.

« Pour establir le fondement de cette demande, y est-il dit, on représente que Charles IX, roy de France, ayant obtenu du pape Grégoire XIII la liberté d’aliéner du temporel des églises de France, jusqu’à la somme de trente mille écus de rente, par bulle du 18 juillet 1560, et qu’ayant voulu mettre à exécution le contenu de cette bulle, les commissaires nommés à cet effet taxèrent indifféremment tous les bénéfices et, en conséquence, les biens situés en Dauphiné, dépendant de l’abbaye d’Hautecombe en Savoye, sur quoy le duc de Savoye pour l’ors régnant recourut au roy duquel il obtint une patente du 5 décembre 1563, portant déclaration que le roy ne prétendrait pas qu’on touchât quoy que ce soit aux biens situés dans son royaume, dépendant des bénéfices de la collation dudit duc. »

« Le 26 aoust 1565, messire Alphonse Delbene, abbé d’Hautecombe, obtint du même roy Charles IX une

  1. Henri Martin, Hist. de France.