Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 31 —

éclairer l’histoire du monastère à cette époque, nous croyons devoir admettre, avec l’auteur de l’ancien récit de sa fondation[1], que, vers 1125, sur les conseils de saint Bernard, les religieux de Cessens descendirent à Charaïa et adoptèrent les principes de l’institut de Cîteaux ; mais, avant d’y être régulièrement agrégés, ils vécurent encore quelques années, peu nombreux, ayant à lutter contre l’âpreté du sol et du climat. Touché de leurs bonnes dispositions, saint Bernard aurait facilité leur entrée dans son ordre en faisant compléter le nombre de treize religieux qu’ils n’avaient pu réunir, et qui était nécessaire pour former une abbaye cistercienne.

En effet, pendant qu’il ramenait Guillaume X d’Aquitaine à l’Église catholique, Godefroy, prieur de Clairvaux, qu’il appelait un autre lui-même, détacha de ce monastère une colonie de moines qui, réunis a ceux se trouvant déjà à Charaïa, réalisèrent le nombre prescrit par les Règles générales de Cîteaux. Le couvent d’Hautecombe, constitué des lors en abbaye régulière, fut incorporé définitivement a l’ordre de Cîteaux comme une filiation de l’abbaye de Clairvaux. L’arrivée des religieux de cette maison parait avoir eu lieu le 14 juin et l’installation définitive et régulière du nouveau monastère le 16 août[2], mais, dans tous les cas, pendant l’année 1135.

Vivian ou Bivian, ami particulier de saint Bernard, et qui favorisa sans doute la réalisation de ses désirs. fut le premier abbé de cette communauté cistercienne. C’était un homme d’un âge mûr et d’une vertu éprouvée. La bar-

  1. Voir plus haut. p. l2.
  2. Manrique, Annales cisterciennes, I, 301, 4. — Henriquez, Menologium cisterciense. — Chronologia Bernardina.