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d’Hautecombe, moyennant une somme de 8,600 livres, de telle sorte que cette acquisition lui en coûta 88,600[1]. Elle comprenait 1,570 journaux (500 hectares environ).

Charles-Félix, en recouvrant cette antique nécropole, tint essentiellement à lui donner le caractère de propriété privée. Il la sépara complètement du domaine de la couronne et à plus forte raison du domaine public ou de l’État ; il se considéra comme un simple particulier accomplissant un acte de piété filiale en faisant relever à ses frais les tombeaux de sa famille.

Les travaux de restauration furent confiés au chevalier Ernest Melano, capitaine du génie et ingénieur de la province de Savoie. Il procéda en vertu d’instructions précises écrites de la main même du roi. « Le plan que je me suis proposé, disait Charles-Félix, est de faire revivre l’ancienne église, et non point d’en bâtir une nouvelle ; ainsi l’architecte devra s’en tenir à suivre, soit dans les constructions de la voûte, soit dans les réparations nécessaires aux murailles, le même dessin et la même architecture gothique qui l’ont jadis rendue, dans son genre, un des plus beaux monuments, au lieu qu’une nouvelle construction, dans une architecture moderne, serait une espèce de monstruosité tout à fait discordante avec les monuments que je compte relever, et point analogue aux temps des princes défunts qui y ont été enterrés. » Il recommandait à son architecte de conserver tout ce qui restait de l’ancienne construction, même son irrégularité ; de lui

  1. L’acte fut passé devant Me Jérôme Nicoud, notaire à Chambéry.
    Il est regrettable qu’on n’ait pas songé à racheter Saint-Gilles, l’ancien Exendilles de la charte d’Amédée III, qui resta attaché au domaine d’Hautecombe jusqu’à la Révolution.