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était devenue plus lourde par la mort d’Amédée III ; ce n’était plus à un ami, mais à la cour des barons, qu’il devrait rendre compte de son administration et justifier la direction qu’il donnerait au jeune comte.

Le patrimoine de la Maison de Savoie en deçà des Alpes a subi de si fréquentes vicissitudes pendant les neuf siècles de son existence, qu’il ne sera pas sans intérêt d’en donner un aperçu à cette époque.

Bien que ce fût le comte de Savoie qui avait, quelques années auparavant, donné à l’abbaye d’Hautecombe la terre de Charaïa et d’Exendilles, cette terre n’était cependant pas située dans le comté de Savoie proprement dit, mais dans le pagus genevensis, dont les limites étaient en général les mêmes que celles du diocèse de Genève. Il faut donc admettre que ce prince possédait la terre de Charaïa à titre de domaine particulier, d’alleu, enclavé dans les possessions des comtes de Genevois à qui il le disputait en puissance, car cette dernière famille étendait son autorité sur la majeure partie du diocèse de Genève. Il ne fallait en excepter, en effet, que la ville et la banlieue de Genève, appartenant avec quelques autres terres éparses à l’évêque, le Chablais, le Châtelard en Beauges et quelques parties du Bugey appartenant au comté de Savoie, et enfin quelques autres petites seigneuries beaucoup moins im- portantes.

Quant au comte de Savoie, il possédait, soit directement soit médiatement, les autres terres de la patrie savoisienne, moins les lambeaux appartenant encore à l’archevêque de Tarentaise et à l’évêque de Maurienne, moins les seigneuries de la Chambre, de Miolans, de Montmayeur et de Chevron-Villette. Ces petits souverains avaient reçu leurs terres de l’empereur d’Allemagne, ou s’en