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donation de ses augustes parents à l’église de Saint-Nicolas de Montjoux. C’est ainsi que, dès ses plus jeunes années, il fut entouré de pieux exemples et reçut une direction qui devait plus tard le faire admettre parmi les bienheureux.

Devenu comte de Savoie, il voulut d’abord payer à l’abbaye de Saint-Maurice la dette contractée par son père avant de partir pour la croisade. Sur les conseils de l’évêque de Lausanne, il céda aux religieux de ce monastère le droit de gîte (receptum suum) qu’il possédait dans les vallées de Bagnes et Octier ou Cotter, transformé en une redevance annuelle de dix livres. Cet acte fut confirmé de la manière suivante : le jeune comte, s’étant approché du grand autel, prit le missel, le posa sur l’autel comme gage de la donation qu’il faisait, s’engagea à la respecter par serment prêté entre les mains de l’abbé de Saint-Maurice, des évêques de Lausanne et de Sion, puis leur donna le baiser de paix (1130)[1].

Trois ans plus tard, Guigues V, dauphin de Viennois, avant hérité de ses ancêtres leur haine contre la Maison de Savoie, voulut venger la mort de son père, arrivée par suite des blessures reçues dans une rencontre avec Amédée III. Il entre à l’improviste sur les terres d’Hum-

  1. Guichenon, Preuves, 39.
    Le comte de Savoie avait sur la vallée de Bagnes, outre la juridiction suprême, plusieurs droits fiscaux, enchevêtrés avec les terres et droits du monastère de Saint-Maurice. Humbert, à qui il répugnait d’avoir des contestations avec les religieux, et pressé, en outre, par la pénurie d’argent causée par la croisade, leur abandonna tous ses droits sur cette vallée pour 100 sous de Saint-Maurice. C’est la première fois que paraît cette monnaie, la quatrième en usage dans notre contrée depuis Humbert aux Blanches-Mains, et la troisième frappée par nos princes. Cibrario, Savoie, I, 208 et 9.