Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/108

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Ces estampes que nous méprisons, pour les avoir eves trop souvent sous les yeux, ont une utilité. Qui sait si Kaulbach, introduisant le Juif-Errant dans sa grande composition de la Destruction de Jérusalem, ne s’est pas souvenu des naïves images qui frappaient ses yeux dans sa jeunesse ?

Après les gravures allemandes reproduites dans cette élude, la plus ancienne que je connaisse en France est le portrait du Juif, gravé par Le Blond, estampe qui s’adressait plutôt aux bourgeois qu’au peuple. Le burin n’en est pas mauvais ; mais le dessinateur du dix-septième siècle n’a guère compris le caractère légendaire du Juif. C’est une figure de vieillard sans caractère particulier, au-dessous de laquelle on lit ces vers :

Je suis errant à tout jamais,
Mon alleure est continuée.
Je nauray ny repos ny pais
Jusques à ceste grande journée
Que le Rédempteur des humains
Jugera lœuvre de ses mains.
En Syon jay prins ma naissance,
J’ay veu le Sauveur en tourmenz,
De luy jay receu ma sentence
Qui me remplist destonnemenz,
Lorsqu’il m’enjoignit cheminer
Sans pouvoir ma course borner.

Gravure presque classique, où le sentiment populaire n’a pas guidé le crayon du dessinateur.