Page:Histoire de l'imagerie populaire (IA histoiredelimage00cham).pdf/180

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gnement profond du dénoûment. Rarement on a vu un sujet plus grave enveloppé de tant de bonhomie. Et pourtant le conteur ne conte pas pour conter ; à lout instant la dureté et l’avarice du riche reviennent sous sa plume sans aigreur ni rancune. La morale découle du récit lui-même, sans être marquée des puérilités de la littérature enseignante à l’aide de laquelle les gouvernants, aux moments de troubles, croient pouvoir apaiser les esprits irrités, et que le peuple repousse, n’y trouvant trop souvent que doctrine lourde et pédantesque.

Le Bonhomme Misère semble un contemporain de la Danse des Morts, quoiqu’il n’en ait pas la gravité solennelle. Des compositions d’Holbein une seule idée ressort, l’égalité devant la mort, qui atteint papes, empereurs, riches et puissants ; mais en pareille matière, malgré le fond satirique, les artistes devenaient sérieux comme le sujet qu’ils traitaient, ce qui éloigne la composition du conte de Misère du dix-huitième siècle, athée et n’ayant plus besoin d’envelopper de symbolisme ses révoltes contre la religion.

Misère, qui conserve un certain reflet des Danses macabres, me paraît un conte du milieu du seizième siècle. Déjà au dix-septième, en France, l’idée de la mort ne se présente plus sous le même aspect. Les grands penseurs de l’époque la montrent sous la forme d’une abstraction et laissent de côté le branle des squelettes chers au moyen âge.