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mille des Gros-Guillaume, des Turlupin, des Gautier-Garguille, des Scapin et de tous les gibiers de potence qui avaient le privilège d’amuser nos pères.

J’ai retrouvé son portrait au Cabinet des estampes ; par ce dessin, gravé au commencement du dix-septième siècle, on voit quel était l’homme.

Grattelard porte un haut-de-chausses et une culotte à l’italienne, sans trop de recherche, afin de rôder sans attirer les regards. Sur ses reins se balance une grande épée plate, qui pourrait être une batte ; son demi-masque, laissant la bouche libre, est attaché au-dessous du menton comme de nos jours.

Grattelard est donc une variété d’Arlequin, dont le costume mérite d’être étudié, car il montre les enjolivements qui y ont été ajoutés. L’Arlequin du dix-septième siècle n’était pas ce personnage insinuant, amoureux comme un moineau, souple comme un serpent, brodé de paillettes sur toutes les coutures, que les théâtres de pantomime ont mis plus tard à la mode. Les dents noires découpées sur son costume de couleur claire sont d’une ornementation médiocre, mais économique.

Grattelard tient à la main une lettre qu’il montre seulement aux spectateurs : cette lettre est son emblème, comme le hibou est celui de Minerve. Grattelard appartient à la race des valets complaisants qui, à partir du théâtre de Plaute, ne cherchent qu’à tromper les pères avares au profit de fils