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peuple, qui crut à la légende, voulut un dur châtiment, et ne se contenta plus de la vie ascétique d’un solitaire détaché des passions humaines et rompant sa solitude par de pieux entretiens avec les dignitaires de l’Église.

Le Juif-Errant de la légende postérieure est une figure plus dramatique, plus humaine.

Encore une fois Matthieu Paris revient sur Cartophile. En 1252, vingt-quatre ans après l’arrivée en Angleterre de l’évêque arménien, l’un de ses frères entreprend le même pèlerinage de Saint-Alban et apporte de nouveaux documents sur Cartophile.

« La pâleur de leur visage (il s’agit des moines), la longueur de leur barbe, l’austérité de leur vie, témoignaient de leur sainteté et de leurs mœurs sévères. Or ces Arméniens, qui paraissaient tous gens dignes de foi, répondirent véridiquement aux questions. qui leur furent faites… Ils assuraient… savoir, à n’en pas douter, que ce Joseph, qui avait vu le Christ sur le point d’être crucifié, et qui attendait le jour où il doit nous juger tous, vivait encore selon son habitude. »

Le frère de l’évêque de la Grande-Arménie, homme de robuste confiance, crut à ce récit et à d’autres non moins singuliers, entre autres que l’arche de Noé s’était arrêtée tout en haut d’une montagne pour « perpétuer dans la mémoire des hommes le souvenir de l’extermination générale du monde, etc. ; » aussi emporte-t-il l’assurance des prêtres arméniens que Cartophile « vivait encore selon son habitude. »