Page:Histoire de la classe ouvrière depuis l'esclave jusqu'au prolétaire de nos jours V1.djvu/11

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bûchers qui les dévorent et plongeant dans l’avenir ce regard d’espérance qu’inspirent la foi et la vérité. Grâce à eux, en effet, le protestantisme s’ouvre mille issues et bientôt la philosophie du dix-huitième siècle, chargeant pour ainsi dire à mitraille le vieil édifice féodal, prépare et détermine la Révolution française qui proclame jusqu’aux cieux cette immortelle trinité :

Liberté, Egalité, Fraternité.

Liberté, égalité, fraternité ! — Devant cette formule les cœurs s’exaltent, l’avenir sourit !… les travailleurs vont devenir des frères, des égaux : décevante illusion ! mus par un besoin fatal de liberté qu’ils font partager aux prolétaires eux-mêmes, les bourgeois substituent la concurrence aveugle aux jurandes et par une aberration douloureuse, tous se précipitent avec ardeur dans une voie d’antagonisme, de guerre, de mort ! Aussi, quelle histoire que la notre depuis soixante ans !

Comme une trombe meurtrière, la concurrence promène partout ses ravages, et la féodalité industrielle et financière pèse écrasante sur la masse des travailleurs tel est le désordre universel engendré parce régime d’individualisme, que plus se multiplient les découvertes et les inventions, plus s’aggrave et s’empire le sort des prolétaires, Crime horrible ! la concurrence produit plus de maux que les fléaux les plus dévastateurs de l’humanité et les prolétaires meurent littéralement de faim au milieu de l’abondance de quelques-uns.

Entendez-vous les canuts de Lyon, les Irlandais, les chartistes d’Angleterre, tous veulent vivre en travaillant ou mourir en combattant ! C’en est fait ! l’affranchissement du prolétaire est la grande question du siècle. Plus d’exploitation de l’homme par l’homme ! voilà le texte inspirateur de ces âmes nobles, de ces sublimes génies : Saint-Simon, Fourrier, Owen, Pierre Leroux, Proudhon etc., lesquels sont aux prolétaires ce que les généraux sont aux soldats ; ils, commandent et la République française ressuscite aux cris de : la réforme sociale !