les batteurs dinantais comme de véritables artistes. Excellents praticiens, ils avaient poussé, aussi loin qu’il était possible, les procédés de leur industrie, mais ils ne paraissent pas avoir créé eux mêmes les modèles à la fois si riches, si gracieux et si ornementaux d’après lesquels ils travaillaient. Tout au moins savons nous qu’en 1378, deux lions de cuivre, fournis par un Dinantais à la ville de Malines, avaient été fondus d’après des maquettes sculptées par un artiste flamand : Henri van Blankenen[1]. Il n’en était ainsi d’ailleurs que pour les travaux importants et d’un caractère réellement artistique. Les petites images de métal, qui étaient un des objets de l’industrie courante et les ornements repoussées au marteau sur les chaudrons et les bassins de prix, étaient probablement exécutés au moyen de formes. En 1466, Jacques du Clercq évaluait la valeur de ces formes à 100,000 florins du Rhin. Toutefois, il est incontestable que les batteurs étaient autre chose que de simples chaudronniers ou de simples fondeurs. À l’époque de leur pleine décadence, en 1622, on exigeait encore d’eux comme chef d’œuvre de maîtrise, un Saint-Lambert ou un Saint Perpète, ou une paire de chandeliers d’église, une crane ou une cloche « pour ceux qui ne feront profession d’autre art[2]. »
Deux chartes, l’une de 1245, l’autre de 1411, nous permettent de nous faire une idée, malgré leur peu d’étendue, de la constitution du métier des batteurs[3]. D’après la première, quiconque veut entrer dans la frairie (fraternitas) doit payer un demi fierton et deux sous à vin s’il est bourgeois, deux marcs et cinq sous à vin s’il est étranger. Les frères qui composent le métier sont administrés par quatre maîtres, dont deux sont élus annuellement par eux et les deux autres par les échevins. Ces quatre maîtres exercent sur le métier une juridiction fixée par des statuts, établis par les frères, avec