Aller au contenu

Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13

de possession en y faisant battre monnaie[1]. Désormais, si le riale suffit pour mettre fin à toute intervention du comte dans la ville. Ne tenant pas son pouvoir à Dinant d’un titre de propriété mais, comme on l’a vu, exclusivement de la délégation impériale, le comte, du jour où celle-ci fut transférée à l’évêque, ne pût plus invoquer la potestatem et justiciam quam tenet a rege. Du même coup, il se trouva dépouillé complètement à l’avantage de son rival.

Après l’obtention du diplôme de 1070, l’évêque de Liège, à sa qualité primitive de propriétaire privilégié de biens ecclésiastiques, joint donc celle de détenteur exclusif des droits régaliens à Dinant et Théoduin s’empressa d’assurer sa prise comte à conservé à Dinant ses propriétés particulières et sans doute des revenus dans ses petites avoueries (v. p. 4) que l’empereur ne pouvait lui enlever[2], il a cependant perdu toute intervention dans la constitution urbaine[3]. Il n’est pas, comme tant d’autres comtes de l’empire, devenu burgrave. Le rapprochement entre les attributions du comte de Namur à Dinant au XIe siècle et celles des burgraves de Spire, de Worms, de Mayence, de Metz, de Regensbourg, et surtout de Toul et de Genève prouve en effet à l’évidence que ceux-ci ne sont que

    veret comitatui, villicus vero villae de unaquaque domo ejusdem potestatis modium unum avenae exigeret pro praedictis modiis viginti, reponendum dominicali curiae. Chron. de St. Hubert, § 25. On voit comment une prestation coutumière remplace ici les anciennes attributions publiques. Si les choses ne se sont pas passées de même à Dinant, c’est que le comte n’y a pas spontanément renoncé à ses droits, comme à Anseremme, mais en a été dépouillé par l’empereur.

  1. Pour la découverte de monnaies de Théoduin à Dinant, v. Annales du cercle archéologique de Namur, t. XIII, p. 530.
  2. En 1246 l’évêque Robert donna le village d’Assèche à Élisabeth de Montjoie en échange de biens qu’elle et ses enfants possédaient à Dinant. Ernst, Histoire du Limbourg, codex diplomaticus t. VI, p. 239.
  3. Le comte de Namur est cependant encore cité en 1080 parmi les domini qui praeerant loco. Cartulaire de Dinant, I, p. 9. Cette charte est d’ailleurs suspecte.