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Page:Histoire de la constitution de la ville de Dinant au Moyen Âge.djvu/47

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niaux. Henri VII en a vainement défendu la formation en 1231. Ceux-ci toutefois, brasseurs, boulangers etc. se constituèrent bien moins au détriment des bourgeois, qu’à celui de l’église dont leurs prestations formaient un revenu important.

Ce serait une erreur de croire que l’évêque ait été hostile par principe aux gens de métier. Comme tous les princes du moyen-âge, la constitution aristocratique ou démocratique du conseil urbain l’intéressait fort peu. Sa politique est très nette et très simple. Elle n’a d’autre but que de maintenir intactes ses prérogatives seigneuriales ; toute usurpation, qu’elle provienne de la bourgeoisie ou des métiers, lui est également odieuse. Le récit de Hénaux[1], qui montre partout le prince et les patriciens alliés contre les démocrates, est si radicalement faussé par les idées préconçues de l’auteur que, au risque de s’écarter quelque peu du sujet, il ne sera pas sans utilité d’exposer rapidement ici la situation des villes liégeoises pendant la seconde moitié du XIIIe siècle.

À cette époque, Liège, Huy, Saint-Trond et Dinant ont comme Gand, Bruges, Lille et Douai des constitutions aristocratiques ou pour mieux dire ploutocratiques[2]. Échevins et jurés appartiennent tous indistinctement à la catégorie des grands bourgeois. Les familles de marchands et de propriétaires qui détiennent le pouvoir gouvernent dans leur propre intérêt, également hostiles au prince et aux artisans. Pendant longtemps, on peut se demander si l’échevinage conservera son caractère seigneurial ou si, concentrant à la fois l’administration et la justice urbaine, il va devenir, comme en

  1. Histoire du pays de Liège, 2 vol. L’auteur ne voit et n’étudie, à travers toute l’histoire de Liège, que la lutte des grands et des petits. Les uns sont, d’après lui, le parti de la réaction et de la tyrannie ; les autres sont les défenseurs de la liberté et des droits de l’homme. Les princes, naturellement, sont tous des tyrans plus ou moins sanguinaires.
  2. À St-Trond en 1256 les échevins sont les chefs des ditiores (Hocsem 291) ; en 1299 éclate à Huy une émeute inter majores, imo verius ditiores et reliquum vulgus (ibid. 334). Les gens de métier enrichis faisaient cause commune avec les patriciens : inter insignes Hoyenses et divites etiam populares et commune vulgus seditione suborta (ibid. 333).