En présence d’une telle situation, la politique des évêques fut précisément la même que celle de Guy de Dampierre à cette époque. Pour contrebalancer le pouvoir des patriciens, ils s’allièrent aux métiers. En 1285 et en 1299 on les voit prendre très nettement le parti des communitates contre les ditiores[1].
Cette politique toutefois n’était qu’une politique d’expédients. Elle ne pouvait aboutir. Fatalement, quelque soit le gouvernement urbain, aristocratique ou démocratique, ses tendances restent les mêmes à l’égard du prince.
Lignages ou métiers lèvent également les impôts sans souci des privilèges ecclésiastiques, sont également hostiles à la juridiction seigneuriale. C’est ce qui apparait aussi nettement dans les villes liégeoises que dans les villes flamandes. Aussi, a peine au pouvoir, les métiers voient-ils se dresser devant eux deux adversaires : leur ancien allié, le prince et leur ancien maître, le patriciat. Le nouveau régime est aussi exclusif que le premier. Hocsem, qui l’a vu à l’œuvre, constate que la démocratie n’est pas moins tyrannique que l’oligarchie[2]. La victoire des communitates flamandes à Courtrai en 1302, provoque dans le pays de Liège, un mouvement démocratique qui aboutit partout à faire aux artisans une large place dans le
- ↑ Hocsem 317 et 333 sqq. Pour l’alliance des communitates de Flandre avec le comte v. l’intéressant récit des Annales Gandenses et Warnkoenig-Gheldolf t. III. À Magdebourg l’archevêque s’appuie aussi sur les métiers contre les Geschlechter, v. Stoeckert Beiträge zur Verfassungsgeschichte der Stadt Magdeburg. Züllichau. 1888 p. 1.
- ↑ Hocsem, p. 284.
de Liege governee par les grans et les nobles… car ilh n’avoit homme à Liege des gens qomones, ja tant fust riche d’avoir ne puissans d’amis, qui oisat ja parleir de chouse qu’ilh apartenoit al governanche del citeit et ne soy entremelleir, et estoient tenus desous pies en servage des esquevins et des nobles et des clercs, car deseur eaux estoit nuls et si soy escrivoient, sangnours del citeit de Liege, et metoient les esquevins cheauz qui governoient tous les ains… et se uns borgois des qomones qui avoit valhant milhe eskus voloit boire de vin, ilh en mandoit en uns pochon de terre repon desos sa kotte… et silh estoit apercheus d’alcuns des nobles, si s’escusoit en disant : je suy sanies ou je suy malaides, ou ilh perdist son pot a tot le vin et fust banis ou en la paine cheuz de 40 deniers… »