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Aussi, chaque fois que l’on avait à se créer un supplément de ressources, fallait-il s’adresser à d’autres opérations. C’est à l’emprunt que l’on recourait alors, sous la forme de ventes de rentes soit viagères, soit hypothéquées sur les propriétés communales[1]. Après la bataille d’Othée (1408), les amendes qui frappèrent la ville et la rente de 1 000 florins d’or qu’elle s’obligea à payer au comte de Hainaut[2], la contraignirent à emprunter, en une seule fois, de cette façon 10 000 livres à Tournai. On n’avait d’ailleurs pas besoin en général de s’adresser à l’étranger. Les riches bourgeois achetaient des rentes à la ville, c’est à dire lui prêtaient de l’argent à intérêt. Au XVe siècle, il semble que tous les immeubles communaux aient été grevés de rentes que l’on pouvait à peine payer[3]. Jean de Stavelot raconte qu’en 1422, le peuple, dans une émeute, brûla les titres des créanciers de la ville[4].

Outre l’emprunt, la ville avait parfois aussi exceptionnellement recours à des tailles ou assises qui constituaient un impôt direct frappé sur la fortune des bourgeois : on décida, en 1490, que les tailles ne seraient perçues que sur les citoyens les plus aisés. Enfin, à certaines époques de détresse le conseil se livrait à de véritables opérations de commerce. En 1490, il acheta des chaudrons pour les revendre au profit de la ville. La même année, la ville décida de donner du travail à plu-

  1. La vente de rentes était un procédé financier usité dans toutes villes du moyen-âge. Pour Namur, v. Bormans, Cartulaire de Namur, Introd. p. 149 ; pour Leyde : Block, Eene Hollandsche stad in de middeleeuwen, 272, sqq. ; pour Wesel : Reinhold, Verfassungsgesch. Wesels, p. 105, sqq. etc. Pour Dinant, voir l’inventaire donné par M. Remacle du Registre aux modérations des cens et rentes, qui est malheureusement postérieur au sac de la ville. La plus ancienne vente de rente à Dinant est de 1324. Cartul, I, p. 92.
  2. Cartul, I, n. 48.
  3. Un fragment de compte de 1455 mentionne en regard des revenus et impôts de la ville montant à 5 031 francs, la somme énorme de 2 714 francs dûs pour le payenent des pensions. En 1452 le conseil écrit à l’évêque qu’il ne sait comment amortir sa dette. Cartul. II, n. 73.
  4. Chronique de Jean de Stavelot éd. Borgnet, p. 195.