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XVe siècle, nous voyons le conseil de Dinant en disposer souverainement, avec l’assentiment de la généralité. Les werixhas comprenaient les rues, chemins, places, murs, ponts et fossés de la ville et de la franchise : en un mot tous le sol placé en dehors de l’appropriation privée. Tout autres étaient les domaines que la ville possédait comme propriétaire des hôpitaux. Ceux-ci provenaient de legs et de donations : c’étaient des courtils, des prés, des fermes et des bouveries, dont plusieurs avaient une très grande valeur.

C’étaient, comme partout et toujours au moyen-âge, les dépenses militaires et particulièrement les travaux de fortification qui endettaient fatalement Dinant. En 1452, on avait contracté de ce chef des dettes pour plus de 10 000 florins, c’est à dire pour à peu près cinq fois autant que le produit annuel de la fermeté. Il semble d’ailleurs que l’on dépensait sans compter dès qu’il s’agissait d’affaires militaires. En 1458-59, sur les 1 095 livres de gros qui constituaient la somme totale des dépenses de la ville, 238 livres furent allouées aux arbalétriers qui se rendaient à un concours de tir à Malines.

La comptabilité était d’ailleurs trop rudimentaire pour que les dépenses n’excédassent pas forcément les recettes. Le produit annuel des impôts et des revenus de la ville était centralisé, au fur et à mesure de la perception, dans les mains d’un rentier[1]. Il était donc impossible aux maîtres et tiers de se faire une idée exacte de la situation financière. Suivant qu’il fallait obvier à quelque dépense, ceux-ci transmettaient au rentier l’ordre de payer. Il arrivait par là qu’en général, à la fin de l’année, le rentier avait déboursé beaucoup plus qu’il n’avait reçu et que la ville se trouvait endettée envers

  1. Le rentier ne touchait pas, semble-t-il, à l’origine, de traitement pour ses fonctions. Il était sans doute amplement dédommagé de ses peines, par l’intérêt des sommes qu’il avançait à la ville. La renterie était si profitable qu’on avait décidé en 1399 de la mettre en adjudication. Cartul. I, p. 152. Au milieu du XVe siècle, la situation avait changé. Le rentier est mentionné dans un fragment de compte de 1455 parmi les serviteurs rétribués de la ville.