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HISTOIRE DES

Quant à ſa maniere de viure, il eſtoit merueilleuſement auſtere, car il ne mangeoit preſque iamais de chair, ſi ce n’eſtoit pour complaire aucune fois à ceux qui le conuioyẽt en leurs maiſons, & ſi paſſoit deux & trois iours bien ſouuent auec vn morceau de pain. Quant au vin il n’en vſoit que comme point, & s’en abſtenoit, de façon qu’il en donna aux poures vn vaiſſeau, auec tous les preſens que le Viceroy Martin Soſa luy auoit enuoyé, comme eſtoit auſſi ſa couſtume, quelque part qu’il fuſt, de diſtribuer aux poures, tous les dons qu’on luy faiſoit. En ces maladies il n’vſoit d’autres medecines que celles qu’il auoit en ſa chambre, qui eſtoyent des liures : & n’employoit pour ſon ſommeil que le tems qui luy reſtoit des occupations ordinaires, qui pouuoit eſtre deux ou trois heures, mais de maniere, qu’il s’endormoit touſiours en faiſant quelque choſe, & vaincu par neceſſité. Quelques eſtrangiers, & qui n’eſtoyent pas de ſes domeſtiques, l’ont eſpié par fois quand il ſe retiroit en ſa chambre, & l’ont veu ſouuent comme rauy en prieres & oraiſons, & puis en fin forcé du ſommeil, & preſque tombant en terre, s’appuier contre vne pierre au lieu d’oreiller, pour ſe repoſer vn peu. Au reſte ayant ſemé la doctrine de Ieſus Chriſt, preſque par toutes les Iſles des Indes, il ſe reſolut