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HISTOIRE DES

toute la nuict, bruſlant d’vn ſi grand zele de veoir tous les infideles conuertis à la foy Chreſtienne, qu’il ne repoſoit ny iour ny nuict. Il y a certaines Iſles appellees del Moro, és païs de Malucco, là où il feit ſeiour quelque tems, ſans aucune ayde ou ſecours humain, ains ſe trouuoit ordinairement en danger d’eſtre tué, ou empoiſonné, n’ayant iamais voulu vſer ny receuoir les contrepoiſons que ſes amis luy preſentoyent deuant que de s’y acheminer, & beaucoup moins acquieſcer aux remonſtrances qui luy faiſoyent de n’aller en païs ſi Barbare, & là où par pluſieurs annees il n’y auoit eu ny paſteur, ny preſtre, d’autant que leur couſtume eſtoit comme choſe familiaire de s’en defaire par poiſon. Et s’appuyant du tout en la faueur divine, il eſcriuit vn iour de ce ſien voyage en Portugal, à ſes compaignons, en ceſte ſorte : I’ay bien ſceu bon gré à mes amis, & les ay remercié des cõtrepoiſons qu’ils m’ont voulu faire prendre, mais ne les ay eſconduis pourtant en les refuſant, de peur de me mettre moy meſmes en trop grande peine de ma ſanté, & ne rien diminuer de l’eſperance que i’ay en Dieu, lequel s’ils prioyent pour moy deuotement me ſeruiroit d’vn ſeul & treſſuffiſant remede contre toutes poiſons. Eſcriuit auſſi en vne ſienne lettre à Rome aux ſiens de pluſieurs difficultez de ſon voyage,