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HISTOIRE DES

mine, iaçoit que chacun qui le cognoiſſoit depres, l’eſtimoit ſi entier & vertueux, qu’à peine en toute ſa vie euſt on peu remarquer vn peché veniel. Auſſi ne diminua-il iamais rien de l’opinion qu’auoyent de luy les Iaponois, quoy qu’il s’humiliaſt, & meſpriſaſt ainſi deuant tous, ains ils diſoyẽt tout haut qu’il y auoit cela en luy plus qu’en tous ſes autres Compaignons, de ſatisfaire auec vne ſeule & ſimple reſponſe, à dix ou douze queſtions qu’on luy faiſoit toutes differentes enſemble, autant à propos, que s’il euſt reſpondu à vn chacun à part, & eux ne pouuoyent reſoudre les demandes, & difficultés qu’on leur mettoit au deuant, que l’vne apres l’autre. Mais les choſes qui s’enſuiuent ſont entre tous les faicts de Xauier digne d’admiration, & ſurpaſantes le cours, & les loix de nature, car à Iapon, en diuerſes occaſions, & en diuers tems il rendit la parole à vn muet, & le feit cheminer à ſon aiſe, eſtant au parauãt boiteux, & s’il guarit auſſi deux autres, vn ſourd & vn muet, miraculeuſement, par la vertu & puiſſance diuine. Tout cecy paſſa ainsſi en Iapon. D’auantage en la coſte de Commorin, il ne rendit pas la ſanté ſeulement à pluſieurs patiens abandonnés des medecins, chaſſant les Eſpris malins du corps des demoniacles, mais auſſi il y reſuſcita des morts. Car eſtant allé de vie à