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INDES ORIENTALES

qu’on attendiſt l’eſquif, à quoy le Pilote ne vouloit entendre de prime face, diſant, que pour peu de ſeiour qu’il en feiſt, il y auoit danger de ſe perdre, & que ſi l’on abbatoit ces voiles, qui maintenoyent le nauire contre la fureur de la mer, elle ſeroit incontinent enfondree, ſi eſt ce qu’à la parfin vaincu des prieres de Xauier, il commanda qu’on pliaſt ces petites voiles, que les mariniers pourtant remirent ſus, quand ils veirent qu’on n’auançoit rien, eſtant la mer ſi courroucee. Toutesfois s’oppoſant Xauier à leur opinion, les aſſeuroit fermement que l’eſquif comparoiſt tantoſt, neantmoins eux continuoyent de hauſſer les voiles, mais luy empoignant à belles mains l’antenne, ou le bois qui trauerſe le maſt ou l’on attache ordinairement les voiles, coniura au nom des playes de Ieſus Chriſt les Matelots, de ne bouger de là, car il eſperoit en Dieu, que les deux ames de ces Mores, ne periroyent point, ains receuroyent la foy de noſtre Seigneur, & ſe feroyent baptiſer : ce fut à ce coup que les Mariniers accorderent à Xauier ce qu’il demandoit, cependant Antoine Dias à ſa requeſte eſtoit graui ſur les chables du vaiſſeau, lequel n’ayant rien apperceu en pleine mer, cõmençoit a deſcendre deſia, mais Xauier le feit demeurer encores au guet vn peu de tems, tandis qu’en eſleuant les mains au