Page:Histoire des choses mémorables, sur le fait de la religion chrétienne.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
INDES ORIENTALES

& par leur exemple attirent beaucoup de gens à la cognoiſſance de la verité, auec vne notable deteſtation des erreurs paſſeés.

Touchant la conuerſion des Brachmanes, ie ne parleray ſeulemẽt que de deux, l’un deſquels pour eſtre fort auancé en honneurs, & eſtas de ce monde, & en outre homme de grande erudition, & tenu pour vn treſſauant Aſtrologue, auoit acquis vne telle reputation enuers toutes ſortes de gens, que l’on venoit à luy de toutes parts pour auoir ſon conſeil, & beaucoup luy demandoyent auec deuotion l’abſolution de leurs pechés. Mais apres que Dieu l’eut conuerti à noſtre Religion, il y profita tellement, que bien peu de Barbares s’adreſſoyent à luy qu’il ne gaignaſt par viues raiſons, & ne leur perſuadaſt d’eſtre Chreſtiens. L’autre eſtant fort noble & riche (car pour eſtre le preſtre du païs, il en tiroit vn grãd reuenu par les decimes & primices qu’il receuoit) ſi toſt qu’il ſe fut rendu à Ieſus Chriſt, quitta tous ſes biens & commodités, à fin que plus librement il en amenaſt d’autres à la cognoiſſance de la verité, en quoy il s’employoit à bon eſcient, & ſans s’eſpargner aucunement, comme font auſſi preſque ordinairement tous les nouueaux Chreſtiens, de quelque eſtat ou condition qu’ils ſoyent.

En ceſte meſme ville, le Roy de Portugal à