faire, je ne serais cependant pas d’avis d’assiéger ce château, car il est bien fort et Regnaut a beaucoup de gens pour le défendre : si vous les assiégez, ils sortiront par de fausses portes, autrement il faudra les serrer de si près, qu’ils ne puissent sortir.
Charlemagne sentit bien que le duc Naimes avait
raison, il lui dit : Je veux me conformer à vos avis.
Aussitôt il fit publier que l’on s’avançât du château
le plus près qu’il serait possible ; il ordonna que
l’on plaçât sa tente vis-à-vis la porte. On vit bientôt
plus de dix mille tentes autour de Montauban.
Quand l’armée fut campée, Roland prit dix mille
chevaliers, tous jeunes, et alla se camper vis-à-vis,
dans un lieu nommé Balançon, au bord d’une
grande et profonde rivière ; il fit mettre une tente
dans cet endroit avec un dragon au-dessus. Ce lieu
était tellement situé, qu’on pouvait découvrir tout
le pays. Roland voyant l’endroit si bien fortifié, en
fut surpris, et dit à ses gens : Seigneurs, je ne suis
pas surpris si les quatre fils Aymon font la guerre
à mon oncle, puisqu’ils ont un château si bien fortifié ;
jamais nous ne viendrons à bout de prendre
Montauban. Vous avez tort, dit Olivier, nous avons
pris Lausanne et avons battu la grande tour et le
donjon de Constantinople, ainsi nous pourrons