Charlemagne appela Ripus et lui dit : Si vous
voulez pendre Richard, je vous ferai mon chambellan.
Je le veux bien, dit Ripus, car Regnaut a
tué mon oncle au gué de Balançon. Vous ferez bien
d’en tirer vengeance, lui dit Oger. Ripus dit au roi :
Promettez-moi qu’aucun des douze Pairs de France
ne m’en saura mauvais gré. Le roi le fit promettre
à tous ses barons. Ripus alla s’armer et revint vers
le roi, qui lui dit de conduire avec lui mille chevaliers
pour se défendre en cas que Regnaut voulût
délivrer Richard. On lui livra Richard, et il lui
passa une corde au cou comme à un larron ; il le
fit passer devant la tante de Charlemagne qui fut
bien satisfait. Ripus étant arrivé à Montfaucon, dit
à Richard : C’est ici ! e lieu où je vengerai la mort
de Foulques de Morillon. Richard dit à Ripus pour
l’amuser un peu : Si vous voulez me délivrer, je
vous donnerai deux cents marcs d’or. Je n’en ferai
rien, répondit Ripus. Ayez donc pitié de mon âme
et faites venir un prêtre pour me confesser. Le
prêtre vint et Richard fut très-long à se confesser
pour attendre si on viendrait le secourir ; voyant
que l’on ne venait point, il demanda l’absolution
au prêtre qui la lui donna en pleurant. Ripus voyant
qu’il était confessé, se préparait à le faire mourir ;
mais Richard lui dit : Je vous prie de me laisser