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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/227

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car Regnaut et ses frères se défendirent si bien qu’on ne pouvait soutenir leurs coups. Ceux de Montauban firent une telle résistance qu’ils firent tomber ceux qui étaient sur les échelles. Quand le roi vit cela, il connut bien qu’il ne pouvait prendre Montauban par force. Il fit sonner la retraite ; les Français n’en furent pas fâchés, et le roi perdit beaucoup de chevaliers dont il en regretta la perte très long-temps après. Quand les Français furent retirés, le roi jura que jamais il ne partirait de devant Montauban qu’il ne l’eût affamé. Alors il ordonna qu’on mit à chaque porte deux cents chevaliers pour empêcher d’en sortir. Regnaut voyant cela, se mit à genoux, et élevant les deux mains vers le ciel, il dit : Ô mon Dieu ! qui souffrîtes en croix la mort et passion, je vous supplie de permettre que nous ayons la paix avec le roi. Quand Richard ouït la prière de son frère, il lui dit : Si vous m’eussiez cru, nous serions maintenant en paix, et Charlemagne eût été bienheureux de l’accorder pour sa vie ; vous savez que notre cousin nous l’avait rendu prisonnier ici dans l’intention d’obtenir une paix avec lui, mais vous n’avez rien voulu entendre, et je vous promets qu’il ne vous vaudra rien.

Charlemagne tint si longtemps Montauban assiégé, que les habitans manquaient presque de vivres, car celui qui pouvait avoir un peu de pain, était contraint de le cacher, parce qu’on n’en pouvait avoir ni pour or ni pour argent, tellement qu’ils mouraient de faim dans les rues, et l’un cachait la viande à l’autre, le père à l’enfant, le fils à la mère. Regnaut fut contraint de faire construire un charnier