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Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/265

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répondit : Sire, il est sur le point de demeurer avec Regnaut, car il veut le conduire lorsqu’il s’en ira. Regnaut fit faire bonne chère à ses frères et leur dit : Seigneurs, ne soyez point fâchés de ce que je m’en vais, car la paix que j’ai faite est plus pour l’amour de vous que pour moi ; je vous prie de vous bien maintenir jusqu’à mon retour. Alors il commença à s’habiller d’une serge violette, se chaussa de gros souliers, et se fit donner un gros bourdon pour le porter à la main ; il vint ensuite auprès de la duchesse qui, lorsqu’elle le vit ainsi accommodé, tomba en faiblesse. Regnaut la releva et lui dit : Dame, ne vous affligez pas, car je reviendrai bientôt ici, s’il plaît à Dieu ; et mes frères vous serviront comme leur dame. Je suis content que la paix soit faite, et que je sois retourné. Je prie Dieu Notre Seigneur Jésus-Christ qu’il veuille bien vous préserver de mort, de tous maux et de toutes adversités. Il l’embrassa en pleurant et en prit congé. La duchesse le voyant partir, lui dit : Mon cher ami, le nom pareil au monde, hélas ! jamais je ne vous reverrai. Alors elle se retira dans sa chambre, prit toutes sortes de robes et les jeta dans le feu ; ensuite elle prit une robe de serge qui était d’une couleur violette, ainsi que son mari avait fait ; elle la mit, puis commença à dire qu’elle n’en mettrait jamais d’autre jusqu’à ce qu’elle vît son mari de retour d’où il était allé. Regnaut se mit en chemin ; le duc Richard et ses frères avec leurs gens le conduisirent loin ; alors Regnaut leur dit : Seigneurs, je vous prie de vous en retourner, car tant que je serai avec vous, je ne serai pas à mon aise, allez