Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/31

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Ainsi périt malheureusement Lohier, fils ainé du roi Charlemagne ; le cruel duc de Beuves lui coupa la tête. Quand les gens de Lohier virent que leur maître était mort, ils perdirent courage ; de cent qui étaient venus avec Lohier, il n’en restait plus que vingt ; le duc en fit tuer dix, et dit aux dix autres : Promettez-moi sur votre foi de chevalier que vous porterez votre seigneur Lohier à son père Charlemagne, vous lui direz que je lui envoie son fils qu’il m’a malheureusement pour lui, envoyé ; je vous laisserai aller à ce prix ; vous lui direz que je ne lui avancerai pas un denier, qu’au contraire, j’irai le trouver avec cent mille combattans et ravagerai son pays. Sire, répondirent-ils, nous ferons ce qu’il vous plaira de nous commander. Il fit faire une bière pour y mettre le corps, ils le mirent sur une charrette et partirent de la ville.

Quand ils furent dans la campagne, ils se mirent à pleurer, en disant : Hélas ! que dirons nous au roi pour lui apprendre la mort de son fils ; ainsi attristés ils allèrent droit à Paris. Le roi Charlemagne y étant, dit un jour à ses barons : Je suis inquiet de mon fils Lohier que j’ai envoyé à Aigremont, j’ai peur qu’il n’ait eu du bruit avec le duc de Beuves, qui est homme orgueilleux, je crains qu’il ne soit tué ; je jure par ma couronne que s’il l’a fait, j’irai contre lui avec cent mille hommes et le ferai pendre. Sire, dit le duc Aymon, s’il a mal agi, vous ferez bien d’en tirer vengeance ; il est votre vassal, il doit vous respecter et vous servir, il tient sa terre de vous, je serais fâché qu’il vous eût manqué. J’ai ici mes quatre fils, savoir : Regnaut, Allard, Guichard