Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/35

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d’Aigremont avait tué le fils aîné du roi ; elle fut bien fâchée de cette nouvelle, car elle connaissait bien que c’était la perte de son mari, d’elle et de ses enfans et de toutes leurs terres. Regnaut menaçait beaucoup le roi ; la dame voyant cela, lui dit : Mon fils, je te prie de m’écouter. Aime et respecte ton souverain seigneur, tu seras aimé de Dieu ; et vous, monseigneur Aymon, je suis surprise que vous soyez sorti de sa cour sans congé, lui qui vous a fait tant de bien, et a donné de si riches armes à vos enfans, et les a fait chevaliers ; quel plus grand honneur pouvait-il vous faire et à vos enfans ? Je vous prie de ne pas vous en mêler : cet été vous verrez que le roi ira sur votre frère. Par mon conseil, servez le roi notre seigneur ; car si autrement vous faites, vous serez déloyal. Dame, pour Dieu je voudrais avoir perdu mon cheval et la moitié de ma terre, et que mon frère le duc de Beuves n’eût pas tué Lohier. Nous cesserons de parler du duc Aymon et de ses fils, et nous parlerons du roi qui regrettait la perte de son fils.

Pendant que Charlemagne se désolait, il vint un messager qui lui dit qu’Aymon et ses quatre fils étaient retournés dans leur pays, dont le roi fut irrité, et jura qu’avant qu’il mourût, Aymon et ses quatre fils le paieraient bien cher, et que le duc de Beuves d’Aigremont et toute sa famille ne pourraient s’y opposer. On prépara le diner auquel le roi ne mangea presque point, tant il était triste. Salomon lui servit d’échanson ce jour-là. Après le dîner, le roi dit à ses barons : Seigneurs, le duc de Beuves m’a fait outrage d’avoir tué mon fils Lohier,