Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/91

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frappa un Païen de telle force, qu’il l’étendit mort ; il se mit à détruire les Sarrasins comme s’ils eussent été désarmés.

Quand les gens de Regnaut furent tous prêts à combattre, ils donnèrent avec tant de fureur sur les Sarrasins, qu’ils les forcèrent de fuir de l’embuscade. Quand Bourgons vit que ses gens prenaient la fuite, il fit sonner de la trompette et marcher ses troupes, et se mit en route. Regnaut ne fut point surpris à l’approche de cette nombreuse armée. Il dit à ses frères : Seigneurs, ne craignons rien, c’est aujourd’hui qu’il faut acquérir de la gloire ; pensons à montrer du courage. Comme il encourageait ainsi ses gens, Bourgons vint l’épée à la main et la passa au travers du corps d’un des gens de Regnaut. Allard, irrité de cela, piqua son cheval contre un Sarrasin, auquel il fit mordre la poussière ; alors le combat devint terrible. Le roi Yon, qui venait au secours, surpris de la valeur de Regnaut et de ses frères, dit à ses gens : allons secourir ces généreux chevaliers ; il piqua son cheval et se mit dans la mêlée, avec tant de fureur, qu’il rompit les bataillons et vint se mettre à côté de Regnaut qui lui dit : Sire, soyez certain que les Païens sont vaincus. On assembla de part et d’autre les bataillons ; mais quand le roi Bourgons vit le mal que Regnaut lui faisait, il dit à ses gens : ces cinq chevaliers nous causent bien du dommage ; il est temps de nous sauver ; ils prirent la fuite aussitôt. Regnaut voyant que Bourgons fuyait, piqua Bayard et le poursuivit en menaçant de le tuer. Il fut bientôt éloigné de ses frères et de la compagnie du roi Yon,