Page:Histoire des quatre fils Aymon, publication 1840.djvu/93

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à pouvoir s’étourdir ; il dit à Bourgons : Il s’agit maintenant de vous défendre. Bourgons voyant qu’il ne pouvait se délivrer de Regnaut que par joûtes, piqua son cheval, courut sur Regnaut, mais il se jeta par terre et brisa sa lance ; il se releva aussitôt et mit l’épée à la main. Regnaut voyant que le combat n’était pas égal, lui dit : on ne me reprochera point d’avoir agi indignement ; il descendit de dessus Bayard et mit l’epée à la main, ils avancèrent l’un contre l’autre ; le combat fut opiniâtre. Quand le cheval du Païen se sentit déchargé de son maître, il prit la fuite ; mais Bayard courut après, le prit par la crinière et le ramena au champ de bataille. Regnaut frappa si rudement Bourgons qu’il lui fit une large blessure dans le côté. Bourgons se sentant blessé et inférieur à Regnaut, lui dit : généreux chevalier, faites-moi grâce, je vous remettrai tout ce que je possède. Non, dit Regnaut, car j’ai promis au roi Yon de le défendre envers et contre tous ; mais si vous voulez vous rendre à la religion chrétienne, je vous ferai grâce. Bourgons lui dit : je me rends à vous dans l’espérance que vous me ferez grâce. Regnaut lui répondit : si vous vous rendez à moi, je ne vous ferai aucun mal. Vous me le promettez, dit Bourgons ? Oui, dit Regnaut, je vous le promets, foi de chevalier. Alors ils remontèrent à cheval et prirent le chemin pour retourner à Bordeaux.

Comme ils s’en retournaient, ils rencontrèrent le roi Yon qui venait avec ses gens. Quand Regnaut le vit, il lui présenta Bourgons et lui dit : Sire je vous prie de ne faire aucun mal à Bourgons, car je le lui