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Page:Histoire des salons de Paris, tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier. Tome 1.pdf/65

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INTRODUCTION.

pliquait en public avec assez de véhémence… M. de Vergennes, qui le blâmait le plus, était celui des ministres qui le disait le moins. Quant à M. de Maurepas, il marmottait en ricanant[1] : « Je doute moi-même de la bonté de mon choix… Je croyais être débarrassé des gens à projets, des ennuyeux à grands mots ; et puis quand j’ai éloigné la turgomanie, voilà-t-il pas que je tombe dans la nécromanie !…

Madame Necker, dont j’ai parlé, mais pas assez pour la bien faire connaître, était un ange de vertu au milieu de cette cour de Versailles, dont le bruit seulement au reste parvenait jusqu’à elle… Son excellent jugement devait lui donner des lumières sur le malheur qui menaçait son mari, et elle le lui montra en perspective, avec cette même fermeté qu’elle aurait apportée à traiter le sujet le plus ordinaire.

Madame Necker[2] était née à Genève, d’un ministre protestant, dans le pays de Vaud, nommé Curchod de Naaz… Il n’était pas riche comme tous les

  1. M. de Talleyrand a beaucoup de ressemblance avec M. de Maurepas ; il est comme lui railleur, même dans les choses sacrées, et d’une finesse d’aperçu qui tient plus au talent qu’au génie.
  2. Suzanne Curchod de Naaz, fille d’un ministre protestant. Elle est née à Genève, quoique son père eût sa cure dans le pays de Vaud.