sant seulement à Foulque des domaines épars, qu’il devait tenir de son frère à charge de lui rendre hommage.
Le Réchin voyait avec envie la part qui avait été faite à son aîné ; à propos d’une querelle de moines la discorde se mit entre eux, et l’on en vint aux mains. Chacun eut ses partisans ; ce fut une lutte de ruse et de trahison. Dans une de ces entreprise déloyales, où le seigneur de Preuilly et plusieurs autres perdirent la vie (1062), Geoffroy se laissa prendre au piège ; et Foulque le fit enfermer au château de Loches[1]. Sa captivité dura trente ans, et lorsque les portes de sa prison s’ouvrirent enfin, le jeune homme était devenu un vieillard, et sa raison s’était éteinte.
Foulque s’empara de tous les pays qui composaient l’héritage de son frère, sur lesquels il régna sans partage.
De tels commencements présageaient un triste règne. Vaillant dans sa jeunesse, Foulque, arrivé à l’âge mûr, se livra à tous les excès. Suivant l’expression énergique d’un historien, « il avait dégénéré de la prouesse de ses ancêtres, il avait perdu jusqu’au vrai sens des mots et des choses, » et ne craignait pas de favoriser des bandes de voleurs avec lesquels il partageait le butin.
Il n’y avait plus de justice en Touraine et en Anjou. La misère était à son comble. Le concile d’Auvergne essayait en vain d’y remédier en imposant aux seigneurs les plus turbulents la trêve de Dieu ; Foulque Réchin fut un de ceux qui la jurèrent (1095), mais il ne l’observa guère.
Il tenait sa cour à Loches, vers 1100, lorsque, aux fêtes de Noël, Hugue de Chaumont vint l’y trouver à son retour de la croisade. Il y était sans doute encore en 1109, quand ce même seigneur, allié à son beau-frère Archam-
- ↑ D’après la grande chronique de Tours, Geoffroy le Barbu fut enfermé au château de Chinon.