LETTRE V.
Voici encore une Marguerite de Valois, 1552. une Reine de Navarre, célébre par ſa naiſſanceVie de Marguerite de Valois ſa beauté, ſon eſprit, ſes amours, ſon mérite littéraire & ſon attachement à la religion catholique. Elle nous a laiſſé des mémoires qui ne ſont autre choſe que le récit de ſa vie. » C’eſt,Ses Mémoires. dit Bayle, un ouvrage qui mérire d’être lû, & qui contient des choſes’aſſez ſingulieres. Il ſeroit à ſouhaiter qu’il s’étendît juſques aux dernieres années de la vie de l’auteur : on y trouve beaucoup de péchés d’omiſſion ; mais pouvoit-on eſpèrer que la Reine Marguerite y avoueroit des choſes qui euſſent pû la flétrir. On réſerve ces aveux pour le tribunal de la conſeſſion ; on ne les deſtine pas à l’hiſtoire ».
Il ne faut donc pas s’étonner de ne voir dans ſes mémoires aucune ombre de ſes galanteries. ” Je fis, dit-elle, toute la réſiſtance poſſible, pour conſerver ma religion du tems du colloque de Poiſſi, où toute la Cour étoit infectée d’héréſie, aux perſuaſions impérieuſes de pluſieurs Dames & Seigneurs, & même de mon frere d’Anjou, depuis Roi de France, de qui l’enfance n’avoit pu éviter l’impreſſion de la malheureuſe Huguenoterie, qui ſans ceſſe me crioit de changer de religion, jettant ſouvent mes Heures dans le feu, & au lieu me donnant des pſalmes & prieres Huguenotes, me contraignant les porter, leſquelles ſoudain que je les avois, je les baillois à Madame de Curton, ma Gouvernante, que Dieu m’avoit