ſçavoir éviter juſqu’à l’apparence de l’Art. Peut-être que tant de Romans ingénieux & intéreſ ſans que notre nation a produits depuis un demi ſiécle, nous ſont aujourd’hui regarder ceux de Mademoiſelle de Scudéri, comme des productions inſipides, peu capables de nous amuſer. Il eſt certain que la réputation de ſes ouvrages autrefois ſi eſtimés, a beaucoup déchû par l’accroiſſement des lumieres & la perfection du goût. C’eſt envain qu’on voudroit eſſayer de leur donner un air plus moderne ; les vieux Romans rajeunis, dit l’Abbé des Fontaines, ſont encore plus dégoûtans : ils reſſemblent à de vieilles ſemmes ſriſées & parées. Il faut pourtant convenir que ceux de Mademoiſelle de Scudéri, préſentent de grandes avantures, des idées héroïques, des intrigues délicatement nouées, une peinture des paſſions nobles, leurs reſſorts & leurs effets.
Harangues héroïques.Le ſeul parti qu’il y ait à prendre, Madame, pour vous rendre compte d’un autre ouvrage de même Auteur, intitulé, les Femmes Illuſtres, ou les Harangues Héroiques, c’eſt de vous indiquer ſeulement le ſujet de chaque diſcours, & vous laiſſer imaginer ce que peuvent dire ces Héroïnes dans les circonstances où l’Auteur, des place. Quant à l’ouvrage en général, il m’a paru un, recueil d’ampliſications telles que les Profeſſeurs de Rhétorique en propoſent à leurs Écoliers, pour exercer leur imagination & former leur goût & leur ſtile. Si ces différens morceaux étoient écrits en vers, on pourroit les regarder comme autant d’Héroides, à l’imitation de celles d’Ovide, qui dans ces derniers tems ont ſerri de modeles à pluſieurs, de nos jeunes Poëtes. Ils