Page:Histoire litteraire des femmes francoises tome 1.djvu/288

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LETTRE XIII.

JE finirai, Madame, le long article de MlleCélinte. de Scudéri par l’Hiſtoire de Célinte, qui peut être regardée comme un des plus ingénieux Romans de cet Auteur. Il a ſur les autres un mérite particulier, c’eſt d’être fort court, & de renfermer dans un ſeul volume, & ſous le titre de Nouvelle, des ſituations intéreſſantes ; des ſcenes variées, des peintures agréables. On ne laiſſe pas d’y trouver encore des longueurs ; mais c’étoit dans ce tems-là une ſorte d’eſprit à la mode, de ne point parler des effets ſans remonter à leurs cauſes, de ne citer aucun fait ſans en détailler les circonſtances, de ne traiter l’amour qu’en cérémonie, de ne rien dire enfin, ſans préambule ſans diſcours préliminaire. Voilà, Madame, la véritable raiſon de cette fatiguante prolixité qui caractériſe preſque tous nos anciens Romans, & en particulier ceux de Mademoiſelle de Scudéri. Je ne parle point de ces entretiens éternels, de ces diſſertations faſtidieuſes ſur des choſes purement acceſſoires, & qui font perdre de vue à chaque inſtant l’objet principal. Pour amener l’hiſtoire de Célinte, l’Auteur s’embarraſſe dans un labyrinthe de converſations, au ſujet de la magnifique entrée de l’Infante d’Eſpagne, épouſe de Louis XIV. Delà des réfléxions ſans fin, & une eſpece de Traité de morale ſur la curioſité. Bref, quelqu’un de la compagnie propoſe de faire la lecture d’une