calme heureux, où le feu qui brûle les Séraraphins, s’épure & devient plus ardent. Cher Abailard, tu ne me refuſeras pas de me rendre les derniers & triſtes devoirs. Viens, ta préſence adoucira l’horreur de ce terrible paſſage ; vois mes lévres tremblantes, mes prunelles qui s’égarent ; approche, viens recueillir mon dernier ſoupir retiens mon ame, dans l’inſtant qu’elle m’abandonnera pour la confondre avec la tienne. Mais que dis-je ? Revêtu des ſaints vêtemens, tenant le cierge d’une main mal aſſurée, viens offrir à mes yeux mourans le ſigne de notre rédemption ; viens apprendre de moi & m’enſeigner à mourir. Ah ! du moins en ce moment tu ne craindras plus de voir, d’aimer Héloïſe. Les roſes de ſon teint ont diſparu ; une pâleur mortelle couvre ſes joues ; la derniere étincelle s’éteint dans ſes yeux ; elle eſt ſans mouvement elle ne reſpire plus ; ç’en eſt ſait Héloïſe a ceſſé de vivre ; Abailard ceſſe d’être aimé. Ô mort, que ton éloquence eſt perſuaſive ! Toi ſeule nous apprends que nous n’aimons que la pouſſiere, lorſque nous aimons un mortel. »
Pour connoître parfaitement l’original Anglois, il ſaut avoir recours à cette traduction elle eſt écrite avec une force & une chaleur qui ne le cedent point à la plus belle poéſie. L’Auteur eſt M. Marin, dont j’ai déjà emprunté quelques traits concernant la vie d’Héloiſe.
M. Colardeau eſt celui de nos Poëtes, qui a tranſmis avec le plus de ſuccès l’Épitre de Pope, en notre Langue. Vous y trouverez tous les charmes de la poéſie ; & ce ſujet ſi riche, ce