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Page:Histoire litteraire des femmes francoises tome 4.djvu/516

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LETTRE XXXII.

PRIVÉE des dons de la fortune, des agrémensMadame de Beaumer. de la figure & des graces de ſon ſexe, Madame de Beaumer crut ſuppléer à ces avantages, en s’engageant dans la carriere du bel-eſprit. Elle compoſa une eſpece de Roman, quelques piéces de vers, une allégorie ; & prêta ſon nom au Journal des Dames. Ses œuvres mèlées forment un petit recueil d’Ouvrages médiocres. À l’égard de ſa naiſſance & de ſon mariage, ce ſont des circonſtances de ſa vie qui ne ſont point parvenues à ma connoiſſance. Je ſais qu’elle ſe diſoit parente de feu M. le Maréchal de Belle-Iſle ; qu’elle a fait un aſſez long ſéjour en Hollande ; qu’elle a vécu dans la pauvreté, & qu’elle eſt morte dans la miſere en 1766.

Le premier Ouvrage de Madame de Beaumer, Les caprices de la fortune. intitulé les Caprices de la ſortune, eſt une eſpece de Nouvelle Hiſtorique. Hyppolitte, fils de Théodoſe, Roi d’Arcarie, eſt atteint d’une maladie de langueur : les Médecins lui ordonnent les eaux de Falante, qui ne lui ſont d’aucun ſecours. On décide que le jeune Prince doit chercher ſon ſalut dans le commerce des femmes ; & cette opinion eſt bien loin d’être combattue par ſon pere ; il porte la complaiſance juſqu’à choiſir la jeune Nayade qui doit ſuppléer à l’inefficacité des bains. Il jette les yeux ſur Belleſamire, qui, dans le même tems, prenoit les eaux de Falante, accompagnée auſſi de ſon pere nommé Alcidor. Cette Belleſamire, qui ne le cede à aucune princeſſe en agrémens & en bonnes