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Page:Histoire litteraire des femmes francoises tome 4.djvu/62

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LETTRE IV.

VOTRE intention, Madame, eſt que je vous entretienne de toutes les ſemmes qui ont écrit dans notre langue, quelque ſoibles que ſoient leurs productions ; c’eſt ce qui m’engage à vous parler de Mad. de la Garde de Richebourg. Les perſonnes qui ont connu cette femme, doutent même qu’elle ſoit Auteur des Ouvrages qui ont paru ſous ſon nom ; mais ce n’eſt pas à moi à les lui enlever, puiſque perſonne ne les reclame. Il eſt vrai qu’ils ne ſont pas de nature à flatter l’ambition d’un homme de Lettres : ce ſont d’anciens Romans Eſpagnols, qui avoient déjà été traduits en françois, & que notre Auteur, ou celui qui lui a prêté ſa plume, a remis dans un ſtile plus moderne. A l’égard de la perſonne de Madame de Richebourg, elle n’étoit pas d’un état à être fort connue dans le monde. Je crois que ſon mari s’occupoit de Minéralogie, & étoit employé dans des mines. Pluſieurs ont cru qu’il avoit eu beaucoup de part aux Ouvrages de ſon épouſe, dont le ton & la converſation répondoient peu, dit-on, au mérite d’une femme qui ſait écrire.

Les Aventures de Dom Ramire de Roxas & de Dona Leonor de Mendoce ſont un des Romans Eſpagnols, dont je viens de vous parler. Je vous préviens, Madame, que vous ne trouverez rien de bien intéreſſant dans les récits, rien de bien varié dans les détails, rien de neuſ dans les ſituations ; mais vous voulez connoître le ſtile de Mad. de Richebourg, je vais tâcher de vous ſatisfaire.