Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/102

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qu’il étoit poſſible, avec un principe dicté par la raiſon & l’humanité. Comme les habitans ſauvages de l’Amérique n’ont, diſoit-il, aucune idée de la révélation, ce ſeroit le comble de la folie de les tourmenter pour leur ignorance. Les chrétiens qui viendroient peupler la colonie, y chercheroient, ſans doute, une liberté de conſcience que les prêtres & les princes leur refuſent en Europe : ce ſeroit donc manquer à la bonne-foi, que de les persécuter après les avoir reçus. Les juifs & les païens ne méritoient pas plus d’être rejetés pour un aveuglement que la douceur & la perſuaſion pouvoient faire ceſſer.

C’eſt ainſi que raiſonnoit le philoſophe Anglois, avec des eſprits imbus & prévenus de dogmes qu’on ne s’étoit pas encore permis de diſcuter. Par égard pour leur foibleſſe, il mit à la tolérance qu’il établiſſoit, cette reſtriction, que toute perſonne au-deſſus de dix-ſept ans, qui prétendroit à la protection des loix feroit inſcrire ſon nom dans le regiſtre de quelque communion. C’étoit une brèche à ſon ſyſtême. La liberté de conſcience ne ſouffre aucune ſorte