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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/131

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tache à ſon exiſtence & ſur les périls auxquels il s’expoſe. Se jeter ſur un vaiſſeau, pour être déposé ſur une plage inconnue, eſt l’action d’un déſeſpéré, à moins que l’imagination ne ſoit frappée par le fantôme d’un grand bonheur, fantôme que la moindre alarme diſſipera. Si l’on ébranle, de quelque manière que ce ſoit, la confiance vague & illimitée que l’émigrant a dans ſon induſtrie, qui compoſe toute ſa fortune, il reſtera ſur le rivage. Et tel devoit être néceſſairement l’effet des limites imposées à chaque plantation. Il y avoit d’autres vices à la racine de l’arbre, qui l’empêchoient de fleurir.

Les colonies Angloiſes, même les plus fociétés, ne paient qu’un foible cens ; encore n’eſt-ce qu’après avoir pris de la vie & des forces. La Géorgie fut, dès le berceau, ſoumiſe aux redevances du gouvernement féodal, dont on l’avoit comme entravée. Ces rentes devoient s’accroître outre meſure, avec le tems. Ses fondateurs furent aveuglés par la cupidité, au point de ne pas voir que le plus petit droit exercé dans une province peuplée & floriſſante,