Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/134

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mais entre la félicité des peuples & la ſolidité de leur poſſeſſion, & préféreront toujours une autorité ferme & conſtante ſur des misérables, à une autorité incertaine & précaire ſur des hommes heureux. D’après une méfiance, que de longues vexations n’ont que trop bien autorisée, ils regarderont les peuples comme des eſclaves toujours prêts à leur échapper par la révolte ou par la fuite ; & il ne viendra dans la pensée d’aucun d’eux que ce ſentiment habituel de haine qu’ils nous ſuppoſent, parce qu’ils l’ont mérité, & qui n’eſt que trop réel, s’éteindroit par l’expérience de quelques années d’une adminiſtration douce & paternelle car rien ne s’aliène plus difficilement que l’amour des peuples. Il eſt fondé ſur les avantages rarement ſentis, mais toujours avoués, d’une autorité ſuprême, quelle qu’elle ſoit, qui dirige, qui veille, qui protège & qui défende. Par la même raiſon, rien ne ſe recouvre plus facilement, quand il eſt aliéné. Le trompeur eſpoir d’un meilleur avenir ſuffit ſeul, pour calmer notre imagination & prolonger ſans fin nos misères. Ce que j’avance, le