Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/16

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peuples. Ennemi déclaré du genre-humain, il eut été également à plaindre, & par les ſentimens qu’il auroit inſpirés, & par ceux qu’il auroit éprouvés. Craint & haï de tout ce qui l’eût environné, il n’auroit jamais ceſſé de haïr & de craindre. On ſe ſeroit réjoui de ſes malheurs ; on ſe ſeroit affligé de ſa proſpérité. Un jour les nations ſe ſeroient réunies pour l’exterminer : mais le tems auroit rendu cette ligue inutile. Il auroit ſuffi, pour l’anéantir & les venger, que chacun des membres eût conformé ſa conduite aux maximes de l’état. Animés de l’eſprit de leur inſtitution, tous ſe ſeroient empreſſés de s’élever ſur la ruine les uns des autres. Aucun moyen ne leur eût paru trop odieux. C’auroit été la race engendrée des dents du dragon, que Cadmus ſema ſur la terre, auſſi-tôt détruite que créée.

Combien différente ſeroit la deſtinée d’un empire, fondé ſur la vertu ! L’agriculture, les arts, les ſciences & le commerce, encouragés à l’ombre de la paix, en écarteroient l’oiſiveté, l’ignorance & la misère. Le chef de l’état en protégeroit les différens ordres, & en ſeroit adoré. Il auroit