Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/169

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t-elle demandé le plus de talent, le plus de tems, le plus de haſards. Car, enfin, on a bien trouvé dans certaines contrées de l’Amérique, des ſociétés & des empires avancés, même juſqu’aux arts du luxe : mais les animaux y étoient encore libres, quoique plus diſposés, par leur foibleſſe ou leur inſtinct, à recevoir le joug de l’homme que dans nos contrées. On a vu même des pays du Nouveau-Monde, où les animaux avoient fait plus de progrès que l’homme vers l’état de perfection & de ſociété auquel ils étoient appelés par la nature ; c’eſt qu’ils vivoient ſans maître. L’homme ne les avoit pas aſſujettis à ſa voix menaçante, à ſon coup-d’œil terrible, à ſa main toujours prête à frapper. Il étoit eſclave lui-même, & les animaux ne l’étoient point encore. Le roi de la nature connut donc la ſervitude, avant de dompter les animaux.

Quoi qu’il en ſoit de l’origine & de la filiation des arts, dont la génération eſt trop compliquée, pour qu’il ſoit aisé de découvrir dans quel ordre & comment ils ſont nés les uns des autres, l’Amérique n’avoit point encore aſſocié les animaux aux hommes